epuis des années, les maires d’Outre-Mer alertent sur les difficultés financières de leurs communes. Didier Laguerre, maire de Fort-de-France (Martinique) et coprésident du forum, parle d’un « sous-financement structurel » et appelle à un réexamen des modalités de financement de ces communes. Ce constat a été largement partagé par les élus au terme de ce forum axé sur les actions à amplifier pour l’amélioration des bases de la fiscalité locale et sur les adaptations souhaitables des dotations pour ces territoires.
Les échanges se sont appuyés sur les propositions formulées par le Comité des finances locales (CFL), en juillet 2019, sur les dotations et la fiscalité locale ultramarines. Mais également sur les travaux actuellement menés par la mission sur les finances locales en Outre-Mer, confiée par le gouvernement à Georges Patient, sénateur de la Guyane, et Jean-René Cazeneuve, député du Gers et président de la délégation de l’Assemblée nationale aux collectivités territoriales et à la décentralisation, qui doivent remettre leur rapport au Premier Ministre à la mi-décembre 2019. Et enfin, sur une étude de l’AMF venant de paraître, qui analyse la situation financière des communes et intercommunalités de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et La Réunion (1).
Faiblesse de la fiscalité locale
La première problématique abordée lors du forum, la faiblesse de la fiscalité locale directe en Outre-Mer, est liée à l’insuffisance des bases cadastrales, à des difficultés d’adressage et de recouvrement. Le phénomène impacte tous les territoires ultramarins, certains plus gravement que d’autres. Il génère un manque à gagner pour les communes. Roland Loe-Mie, conseiller municipal délégué aux finances à Cayenne (Guyane), a pointé qu’il n’y a que deux géomètres du cadastre pour toute la Guyane (soit 83 000 km2, à 90 % non cadastrés). Il a relaté les efforts de la ville pour aider à la mise à jour des bases, « avec des résultats relativement concluants, jusqu’à ce que les services fiscaux nous disent que cette action de terrain, s’appuyant sur des agents rentrant chez les habitants, était illégale ». A Mayotte, la situation est aussi très mauvaise. « L’Etat doit faire le nécessaire pour garantir l’égalité républicaine en matière fiscale, réclame Said Omar Oili, président de l’Association des maires de Mayotte, maire de Dzaoudzi Labattoir. Sur une île de 374 km2, on ne peut pas comprendre que l’on ne soit pas en capacité de régler ce problème ».
« Des progrès ont eu lieu, mais le compte n’y est pas, confirme Antoine Homé, rapporteur de la Commission des finances et de la fiscalité locale de l’AMF. L’Etat doit mettre les moyens pour aller au bout ce chantier capital. » Un avis partagé par Georges Patient, qui rappelle la nécessité d’une « collaboration » entre les services fiscaux et les collectivités pour avancer. Il précise que le rapport bientôt remis au Premier Ministre proposera la mise en place d’un groupe de travail par territoire pour traiter des effets particuliers de la réforme de la taxe d’habitation. « Compenser la disparition de la taxe d’habitation sur la base de l’année 2017, dans un contexte de bases fiscales très fragmentaires, constituerait une injustice supplémentaire », témoigne en effet Said Omar Oili.