e décès de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes (83), l’été dernier, alors qu’il interdisait le dépôt sauvage de déchets sur sa commune, était présent dans toutes les têtes lors du forum, co-présidé par Nicolas Soret, président de la communauté de communes du Jovinien (89), co-président du groupe de travail Déchets de l’AMF et Pascal Thévenot, maire de Vélizy-Villacoublay (78). En préambule, quelques données ont été rappelées sur ce fléau. Selon les dernières estimations, 70 % des dépôts sauvages seraient issus du secteur du bâtiment – qui génère à lui seul plus de 40 millions de tonnes de déchets par an –, une partie d’entre eux étant dus à des « entreprises » illégales. Résultat : une facture pour les collectivités, bloc communal en tête, estimée entre 340 et 420 millions d’euros par an. Pourtant, depuis le 1er janvier 2017, les distributeurs de matériaux du bâtiment (dits « négoces ») ont l’obligation de reprendre les déchets de chantier issus des produits vendus. Une mesure qui, près de trois ans après son entrée en vigueur, n’a pas vraiment trouvé son public…
Méthode musclée
Devant une salle comble et particulièrement réactive, Pascal Thévenot a d’abord évoqué sa méthode musclée pour éradiquer le phénomène sur sa commune. Exaspéré de retrouver systématiquement des déchets de chantier sous une dalle dans un quartier en rénovation urbaine, le maire de Vélizy a un jour demandé à ses services techniques de l’aider à « rendre » à l’auteur des déchets – un artisan identifié par une caméra de surveillance mobile – en lui déversant « ce qu’il avait oublié » dans son jardin. Sous les applaudissements admiratifs de la salle, l’élu a néanmoins précisé que ce coup de sang lui avait valu une plainte au correctionnel pour… dépôt sauvage ! Mais s’il a été relaxé en appel, Maître Laura Picavez, avocate au cabinet Gossement, a néanmoins rappelé qu’il s’agissait là d’une « bonne fortune » sur le plan juridique car la pratique du i est toujours sanctionnée.