‘école reste « au coeur du noyau central » des communes, selon l‘expression d‘Agnès Le Brun, maire de Morlaix (29), rapporteure de la commission Éducation de l’AMF et co animatrice du forum avec Sylvine Thomassin, maire de Bondy (93) et présidente de la commission. Mais l‘école est bousculée, tenue de faire face aux baisses démographiques et aux inégalités sociales qui pèsent sur la réussite des élèves. Dans ce contexte, l‘école rurale a une place à défendre. C‘est certainement l‘un des messages que le ministre de l‘Éducation nationale a entendu et soutenu. Micro en main, debout sur la scène centrale du forum, Jean-Michel Blanquer a assuré être « en phase » avec les élus. « Vous n‘avez pas d‘objectifs différents des miens », leur a-t-il expliqué. A savoir : « une école primaire qui marche bien » et « une dynamique des écoles et des communes ». Pour lui, « l‘école rurale peut être à l‘avant-garde pédagogique et éducative ». Elle en a les moyens. Il a répété notamment qu‘elles « n‘ont pas moins de moyens que les écoles urbaines », bénéficient même d‘un taux d‘encadrement « plus favorable ». Il a rappelé aussi que « l‘école primaire rurale fait davantage réussir les élèves que l‘école primaire en général ». Les classes multiniveaux sont donc, « sur le plan pédagogique, une bonne chose ». Autant de spécificités qui ne sont donc pas remises en cause.
Tout va-t-il très bien pour autant ? Non, car la déprise démographique est un vrai problème. « 50000 élèves manquent à l‘appel », a pointé le ministre. C‘est tout l‘enjeu des conventions ruralité, censées anticiper ces évolutions et adapter l‘organisation scolaire au besoin. Pour Jean-Michel Blanquer, ces conventions ruralité ont vocation à être de « plus en plus fines et stratégiques ». « Nous devons avoir une logique éducative partagée » et les conventions doivent servir cet objectif, a-t-il affirmé. Sur les enjeux de justice sociale, Jean-Michel Blanquer a rappelé les mesures engagées depuis deux ans : dédoublements des classes de CP et CE1, et à venir de grandes sections de maternelle pour les REP et REP +, nombre maximal de 24 élèves par classe d‘ici à la fin du quinquennat pour les autres écoles.
Il manque un logiciel 3D à l‘Éducation nationale
La démonstration du ministre s‘est interrompue lorsqu‘il a évoqué la distribution des Fables de la Fontaine dans les CM2. La salle a réagi. Visiblement, beaucoup d‘élus n‘ont pas eu connaissance de l‘envoi et de la remise de ces exemplaires. Le ministre semble surpris. Ni Sylvie Thomassin ni Agnès Le Brun n‘en ont entendu parler : « les stocks sont sans doute arrivés, mais où et comment ont-ils été distribués ? ». Ce flottement apparaît emblématique des écarts constatés par les élus entre la théorie et la pratique dans la relation entre communes et Éducation nationale.
Le maire de Rébénacq (64) et président de l‘Association des maires des Pyrénées-Atlantiques, Alain Sanz, en a livré un autre exemple. Au sujet de la convention ruralité. « Grâce à votre intervention, nos demandes ont été acceptées car le préfet, lui, ne voulait pas signer ». Les élus de son département ont au départ « mal accueilli » l‘idée de cette convention, assimilée au moyen d‘entériner la réduction de postes et donc, à courte échéance, la fermeture de classes.