eux ministres - Julien Denormandie et Cédric O - mais aussi la présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), Marie-Laure Denis (lire ci-contre), se sont relayés, mercredi 20 novembre, au Forum numérique du Congrès des maires. Chacun dans leur domaine de compétences, ils ont touché du doigt les inquiétudes que crée la fracture numérique et tenté d’y apporter des réponses, tandis que les élus croisaient leurs expériences.
Cédric O, secrétaire d’État au Numérique, a retenu un enseignement du Grand débat national : la dématérialisation des services publics - qui pourront tous être accessibles en ligne d’ici 2022 - est associée, pour beaucoup de Français, à « une violence sociale et sociétale extraordinaire ». Elle leur « renvoie une impression de déclassement, le sentiment qu’ils ne peuvent plus être autonomes » pour effectuer leurs démarches administratives. « L’État porte sa part de responsabilité, a poursuivi le secrétaire d’État. Il s’est dit <
Lutter contre l’illectronisme
C’est là tout l’enjeu : comment assurer l’égalité des Français devant l’accès aux droits quand 13 millions d’entre eux, environ un cinquième de la population, se disent en situation « d’illectronisme », c’est-à-dire en grande difficulté avec les outils numériques ? « Quand on ajoute ceux qui ne savent pas remplir une déclaration d’impôt en ligne, c’est au moins la moitié de la population qui est éloignée du numérique », a estimé Patrick Molinoz, maire de Venarey-les-Laumes (21) et vice-président de l’AMF. « C‘est une révolution, ça avance vite et les humains ont parfois du mal à suivre, a déploré Sylvette Rochas, adjointe au maire d’Échirolles (38) et membre du conseil d’administration du Centre communal d’action sociale (CCAS). Il faut prendre les gens là où ils sont, les accompagner et lever les anxiétés et les peurs ». Tous les publics sont touchés, même les plus improbables. « Utiliser les réseaux sociaux, les jeunes savent faire. Mais allez les faire s‘inscrire sur Parcoursup », observe encore Sylvette Rochas.
C’est dire l’ampleur du « défi tant pour les usagers que pour les services communaux », a souligné Nicolas Bonneau, maire de La Chapelle-Saint-Mesmin (45) et rapporteur de la commission Numérique de l’AMF, qui coprésidait le forum avec Michel Sauvade, maire de Marsac en Livradois (63) et maire référent de l’AMF pour la téléphonie mobile. Sur Internet, « vous vous retrouvez face à un mur », a reconnu Cédric O, qui souhaite que le numéro de téléphone des administrations apparaisse de nouveau clairement sur leurs sites internet. Au-delà de cette nécessité, il estime que sur les 13 millions de Français en difficulté, la moitié seulement peut « monter en compétence ». Pour les aider, le gouvernement a lancé le «Pass numérique », un chèque de 10 euros cofinancé par l’Etat et les collectivités territoriales, et actuellement expérimenté dans 48 collectivités. Il est expérimenté dans 48 collectivités. L’usager, identifié au préalable par des agents territoriaux, pourra l’utiliser dans l’un des 5 000 lieux de médiation numérique pour être autonome en ligne. « Les premiers retours sont très positifs », s’est réjoui Cédric O. Un avis nuancé dans la foulée par Patrick Molinoz, qui se demande si on ne met pas là « la charrue avant les bœufs ». « On aimerait avoir le référentiel de la formation . C’est bien d’avoir le ticket restaurant, c’est mieux de savoir si le restaurant apporte la bonne réponse ».