RA2014-2015 - page 7

AMF - RAPPORT ANNUEL 2014 - 2015
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ÉDITORIAL
LES MAIRES,
PILIERS DE LA
RÉPUBLIQUE
À l’ouverture de ce congrès, beaucoup d’entre nous s’interrogent sur l’avenir même de la Commune.
Le
shakespearien
To be or not to be ?
- être ou ne pas être - résume bien la question, tant les nuages s’accu-
mulent. En effet, c’est la pérennité de l’institution communale telle que nous l’aimons qui est en jeu. Il ne
se passe quasiment pas de semaine sans que les
« bons esprits », plus technocratiques que démocra-
tiques, ne mettent en cause le nombre, voire l’existence même des communes. On en voit d’ores et déjà
les prémisses, conjuguant dilution législative et étouffement financier.
Cette première menace trouve sa source dans un glissement continu de l’intercommunalité vers la
supracommunalité.
L’intercommunalité, en tant que coopération librement choisie, n’est contestée par
personne. C’est un outil efficace pour faire ensemble ce que nous ne pouvons faire seuls, pour répondre
aux attentes de la population et moderniser nos territoires. Aujourd’hui cet
« outil »
est détourné de sa
vocation initiale pour se transformer en machine infernale diluant puis absorbant progressivement les
communes.
C’est la course au toujours plus grand
par l’extension des périmètres ; ce sont les compétences obligatoires
étendues sans nécessité : eau, assainissement, tourisme… ; c’est la volonté de regrouper les finances au
niveau intercommunal : FPIC, DGF territorialisée… ; ce sont les personnels que l’on nous contraint à
transférer…
Chacune de ces évolutions peut être justifiée si c’est le choix des élus.
Mais quand c’est imposé de
manière uniforme, cela relève d’une stratégie visant à vider nos communes de leurs compétences et
d’une large part de leur liberté avec l’objectif clair de passer à la supracommunalité. Des communes dont
la capacité financière est amputée ; sans maîtrise de l’urbanisme, du logement, du tourisme… ; dont
l’essentiel du personnel serait transféré. Tel est le destin que certains voudraient nous imposer.
Rassurez-vous, nous garderions nos écharpes et peut-être l’état civil !
Le second risque est bien évidemment lié à l’assèchement de nos ressources financières.
La forte baisse
des dotations, qui intervient après la suppression brutale de la taxe professionnelle – qui fut à l’évidence
le plus mauvais coup porté à nos finances – a conduit beaucoup d’entre nous à renoncer à des investisse-
ments nécessaires et parfois à réduire l’offre de services essentiels pour la qualité de vie des citoyens.
Mais au-delà, ce sont la croissance et l’emploi qui sont atteints, nos collectivités devenant des agents de
la récession là où nous pourrions être de puissants leviers de la relance et du redressement.
Quant à la réforme de la DGF, mal préparée et précipitée,
il est indispensable de la corriger. Obscur et
bâti sur des critères erronés, ce texte, en l’état, créera plus d’injustices qu’il n’en réparera.
Il faut une
réforme, mais celle qui nous est proposée sera un échec.
L’ironie du sort fait que ces menaces et bouleversements
interviennent dans un moment
où les maires ont joué leur rôle naturel de
piliers de la République
. Qu’il s’agisse, à la suite
des attentats de janvier, de raviver les valeurs qui unissent la Nation, en particulier
la laïcité, fondement et condition du «
vivre ensemble
» ; d’innover pour répondre au défi
climatique et agir pour la réussite de la COP 21 ; d’organiser la solidarité face aux drames,
locaux ou internationaux, qui frappent des populations victimes de catastrophes ou
de guerre… oui, les maires ont été
en première ligne, assumant leurs missions avec
responsabilité et fierté.
Pour sa part l’AMF, riche de sa diversité et forte de son unité,
continuera à porter la voix et les aspira-
tions des maires et présidents d’intercommunalités de France, avec exigence et loyauté.
ENSEMBLE, réaffirmons que la commune – qu’elle soit ancienne ou « nouvelle » – est et doit rester le
lieu de la proximité, porteur d’un lien social de plus en plus fragilisé ; réaffirmons que l’affaiblir, c’est
handicaper la Nation tout entière.
LA COMMUNE
« TO BE OR NOT TO BE ? »
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