La direction des politiques sociales de la Caisse des dépôts a présenté hier à la presse les résultats d’une étude concernant l’évolution de la place des femmes dans les conseils municipaux depuis des élections de 2020.
Vingt-cinq ans après que la loi du 6 juin 2000 tendant à favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives a été promulguée, 41,5 % des 505 708 élus municipaux sont, aujourd'hui, des femmes.
« L’étude présentée mobilise plusieurs sources notamment les données du répertoire national des élus (RNE) et les données de l’Ircantec (régime de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques) », explique Marianne Kermoal-Berthomé, directrice des politiques sociales de la Caisse des Dépôts.
Alors que la loi étendant le scrutin de liste paritaire aux élections municipales à toutes les communes du pays a été promulguée en mai dernier (lire Maire info du 22 mai), ces quelques chiffres donnent à voir l’impact que peuvent avoir sur le long terme les « lois fondatrices » sur la parité.
On observe notamment une nette progression de la probabilité pour les femmes d’être élues dans les conseils municipaux depuis 2020 par rapport au scrutin de 2014.
Rappelons que les listes des candidats aux postes d’adjoints au maire sont également soumises à l’obligation d’être « composées alternativement d’un candidat de chaque sexe » depuis le 19 décembre 2019 (lire Maire info du 20 décembre 2019). Concrètement, la part des femmes dans les conseils municipaux a augmenté de 2,3 points, passant de 39,2 % avant les élections de 2020 à 41,5 % après les élections.
Surtout, « dans les seules communes de plus de 1 000 habitants où les contraintes de parité s’appliquent, la part des femmes parmi l’ensemble des élus est de 48,4 % » – très proche donc de l'atteinte de la parité. Cela s’explique, selon les auteurs, notamment par « une tendance qui consiste à mettre davantage un homme en tête de liste » et, « comme le nombre de conseillers élus est impair, on se retrouve avec plus d’hommes que de femmes ».
Au contraire, dans les communes de moins de 1 000 habitants – où aucune contrainte de parité ne s’appliquait jusqu’à présent – la part des femmes n'atteint que 37,6 %. Dès les élections municipales de mars 2026, ces communes de moins de 1 000 habitants devront désormais organiser un scrutin de liste paritaire, ce qui va mener mécaniquement à une hausse de la part des femmes au sein des conseils municipaux – même si elle devrait être progressive étant donné la petite taille des conseils municipaux dans ces communes.
Si ces résultats sont encourageants, l’étude met en lumière la persistance d’écarts importants entre les femmes élues et les hommes élus lors du mandat 2020-2026.
D’abord, les femmes et les hommes ne sont pas égaux face aux différents types de mandats. Les femmes ne représentent que 17,5 % des maires et 36,4 % des adjoints. Par ailleurs, seulement 40,9 % des conseillers municipaux indemnisés sont des femmes, ainsi que 45,8 % des conseillers non indemnisés. Il faut souligner qu’après les élections de 2020, les femmes « sont beaucoup plus nombreuses parmi les nouveaux élus que parmi les élus non reconduits » et que, même si le taux de femmes maires élues est inférieur à 18 %, il a augmenté de 2 points par rapport au mandat précédent.
Le taux de renouvellement des élus municipaux lors des élections de 2020 (ou turnover (1)) est aussi nettement plus élevé chez les femmes (63,5 %) que chez les hommes (50,7 %), ce qui « confirme la migration de la place des femmes dans les conseils municipaux ». Cependant, turnover n’est pas sans incidence sur la féminisation de la profession de maire.
Philippe Micaleff, co-auteur de l’étude de la Caisse des dépôts, explique à Maire info que « ce taux de turnover élevé freine plutôt la féminisation des fonctions de maire dans la mesure où on devient rarement maire dès la première année d’élection ». Puisque le taux de sortie du conseil municipal est plus élevé chez les femmes, l’investissement de ces dernières se fait moins dans la durée et, « en restant seulement sur un mandat on a moins le temps d’asseoir une certaine légitimité ». D’ailleurs, les élus reconduits lors des élections de 2020 ont déjà occupé des mandats municipaux donnant lieu à une indemnité pendant 11 ans en moyenne.
Si l’ancienneté pèse forcément dans la balance pour accéder à des fonctions électives, l’étude met aussi en lumière le remplacement progressif des élus par des générations plus récentes. « L’augmentation de la féminisation des conseils municipaux doit beaucoup au renouvellement générationnel, indiquent les auteurs. Les générations plus anciennes, où la participation des femmes a toujours été relativement faible, sont progressivement remplacées par des générations plus récentes (notamment les femmes nées après 1965), pour lesquelles l’engagement des femmes dans la vie municipale semble plus normale. »
Si l'étude de la Caisse des dépôts ne l'évoque pas, on peut aussi poser la question de la répartition des délégations, encore très inégalitaire, entre hommes et femmes, les adjoints aux finances ou à l'urbanisme étant le plus fréquemment des hommes, tandis que les sujets comme la petite enfance ou l'éducation reviennent plus souvent aux femmes.
Autre chantier : celui de l'intercommunalité, qui reste de l'avis de tous le parent pauvre de la parité – à peine 38 % de femmes parmi les conseillers communautaires et surtout 11 % de femmes présidentes d'EPCI ! Gageons que la loi qui vient d'imposer la parité dans les communes de moins de 1 000 habitants va changer la donne, sur ce terrain aussi. Réponse après le 22 mars prochain.
(1) « Le turnover est la demi-somme du taux d’entrée et du taux de sortie. Le taux d’entrée est le rapport entre le nombre de nouveaux élus et le nombre d’élus après élections. Le taux de sortie est le rapport entre le nombre d’élus sortants et le nombre d’élus avant les élections. »
Lucile Bonnin pour Maire-info, article publié le 17 septembre 2025.
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