Malgré les turbulences politiques qui ont touché le pays ces dernières années, 69 % des Français continuent d’accorder leur confiance aux maires, un élu en première ligne qui ne cesse d’apparaître comme une balise dans un océan de défiance et ce depuis une dizaine d’années.
C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et l’AMF intitulée Le maire, figure de confiance dans une démocratie fragmentée.
Au-delà de cette confiance qu’accordent les citoyens au maire, les résultats de l’enquête renseignent à la fois sur l’appréciation des citoyens du bilan municipal en cours et sur les aspects que vont privilégier les citoyens lorsqu’ils devront, en mars prochain, glisser un bulletin dans l’urne, pour l’élection de leur nouveau maire.
Le mandat actuel – bien qu’il ait été perturbé dès son début par la crise sanitaire puis par de nombreuses crises, allant de l'explosion des prix de l'énergie aux émeutes de 2023 – est perçu de manière plutôt positive par les Français. 73 % des citoyens estiment que la municipalité a accompli depuis 2020 un bon travail, dont 12 % l’estiment même excellent.
Ce satisfecit est d’autant plus important dans les communes de moins de 10 000 habitants (78 %). Cependant, on remarque que pour les communes de 100 000 habitants et plus, les citoyens apparaissent légèrement moins satisfaits (60 %). Ils sont même 14 % de citoyens à estimer « très mauvaise » l’action municipale de ces dernières années alors qu’en comparaison seulement 4 % des citoyens dans les communes de moins de 1 000 habitants se disent aussi fortement mécontents. Ce jugement favorable dans les communes de moins de 10 000 habitants « s’explique par la vision du maire bâtisseur (71% des personnes déclarent que leur maire a déjà conduit des réalisations importantes pour la commune depuis 2020) ou du maire visionnaire (71% estiment que leur maire a des projets pour l’avenir) », peut-on lire dans l’analyse de l’enquête.
Dans le détail, les citoyens estiment à 71 % que l’équipe municipale a conduit des réalisations importantes pour la commune depuis 2020, à 71 % qu’elle a des projets d’avenir pour la commune, à 67 % qu’elle est présente sur le terrain, à 64 % qu’elle est efficace et à 63 % qu’elle est très facilement accessible et utilise bien l’argent public.
Ces considérations positives n’entraînent cependant pas un optimisme à toute épreuve envers l’avenir de la commune. 15 % des citoyens sont pessimistes et 45 % se déclarent ni optimistes ni pessimistes. Là aussi, les inquiétudes pour le futur se font davantage entendre dans les grandes villes que dans les villages.
Finalement, il ressort de l’enquête que 58 % des Français sont pour que leur maire se représente et soit réélu. « Ce chiffre, conforme à celui observé en 2019, quelques mois avant les dernières élections municipales, témoigne d’une forte prime accordée aux sortants en reconnaissance du travail accompli », estime Martial Foucault, professeur des universités à Sciences Po et chercheur au Cevipof.
Les résultats de l’enquête permettent également d’avoir un aperçu des attentes des citoyens dans la perspective des prochaines élections municipales.
La confiance qui est accordée aux maires repose prioritairement sur deux critères : l’honnêteté (61 %) et la capacité à tenir ses engagements (50 %). « La demande de probité, d’exemplarité et d’éthique dans la fonction est non seulement perçue comme la condition sine qua non de la confiance mais elle s’impose pour l’ensemble des maires quelle que soit la taille de la juridiction », indique l’analyse de l’étude.
Selon les citoyens, certaines tâches doivent être considérées comme « prioritaires » pour un maire. C’est notamment le cas selon 87 % des sondés pour la défense des intérêts des habitants de la commune auprès des autres collectivités locales et de l’État et à 85 % pour la mise en œuvre d’un vrai programme d’actions pour lequel le maire a été élu.
La transparence apparaît aussi comme un élément déterminant dans un climat de défiance politique toujours plus grand à l’échelle nationale. Ainsi, 83 % des Français estiment qu’il est très important de rendre publics et d’assurer la transparence des débats avant la prise de décision. Ce besoin de transparence est plus important en moyenne que d’autres aspects de l’action communale comme la médiation lors de conflits locaux ou même l’accroissement du niveau des services et des équipements dans la commune.
Enfin, lorsque les sondés ont été interrogés plus directement sur leurs principales attentes à l’égard du prochain maire, trois grandes priorités sont clairement sorties du lot. En tête on retrouve la sécurité et la tranquillité publique, qui est une priorité pour 43 % des citoyens. Pour 38 % des sondés, la préservation de l’environnement au sein de la commune et le développement ou le maintien des services de proximité font partie des attentes prioritaires.
Le choix des citoyens pour élire leur prochain maire et son équipe municipale sera, selon l’étude, déterminé d’abord par le programme (84 %), le bilan de l’équipe sortante (79 %), la personnalité du maire (79 %), et l’étiquette politique lorsqu’elle est connue (61 %). Le critère de l’étiquette politique a d’ailleurs de plus en plus d’importance pour les électeurs (seules 53 % des personnes interrogées en 2019 avançaient ce motif), même si c’est moins le cas dans les communes de moins de 10 000 habitants. Pour Martial Foucault, c’est « une confirmation du glissement du phénomène de polarisation partisane observée au plan national vers l’échelon local dans des communes où la politisation de l’enjeu municipal domine ».
En conclusion de cette étude, il apparaît clair que si « la démocratie locale n’est pas en crise », elle demande à « être nourrie, respectée, écoutée ». « Les maires qui sauront conjuguer proximité et exemplarité, pragmatisme et vision, pourraient bien en être les grands bénéficiaires », conclut le chercheur au Cevipof.
À la suite de la présentation de cette étude, en conférence de presse ce matin, l'AMF a lancé officiellement une campagne intitulée Osez l'engagement ! pour encourager l'engagement citoyen. « Cette étude et cette campagne ont deux objectifs : faire comprendre que pour conforter cette confiance nous avons besoin de l'engagement des citoyens et rappeler que notre seule finalité est l'intérêt national », a expliqué David Lisnard, président de l'AMF. Un kit de communication sera notamment envoyé aux des communes, en plus de la campagne qui sera menée sur les réseaux sociaux.
Consulter l’étude Cevipof/AMF.
Lucile Bonnin pour Maire-info, article paru le 2 juillet 2025.
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