L’autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) accentue encore un peu plus son effort vers la transparence en mettant à disposition du public, depuis ce week-end, une carte du déploiement de la fibre optique. Elle permet de clairement visualiser que (presque) tout reste à faire.
Particulièrement riche, ce site (qui s’appuie sur les données disponibles au 30 septembre dernier) montre, par commune ou par département, le taux de locaux raccordables à la fibre « jusqu’à l’abonné » (FttH, en anglais fiber to the home ou fibre jusqu’au domicile). Cette carte est réalisée, précise l’Arcep, à partir des données fournies par les opérateurs. « L’Autorité agrège alors les données obtenues en utilisant les codes géographiques de l’Insee pour obtenir commune par commune un nombre absolu de locaux raccordables au réseau FttH. » Les « locaux » sont aussi bien des logements que des locaux professionnels. La carte peut être aussi bien visualisée à la maille de la commune qu’à celle du département. Elle permet non seulement de voir la situation actuelle, mais aussi d’entrevoir l’avenir, puisqu’une des vues possibles montre les communes dans lesquelles un opérateur a manifesté son intention de déployer la fibre.
La première chose qui saute aux yeux lorsque l’on regarde la carte est l’extrême prédominance… des zones non couvertes. La carte par commune est essentiellement blanche, parce que 95 % des communes ne sont tout simplement pas concernées à l’heure actuelle par le déploiement de la fibre. Si l’on regarde la carte par département, on constate que seuls deux départements ont un taux de locaux raccordables supérieur à 80 % : Paris et les Yvelines. Un seul département a un taux compris entre 50 et 80 %, le Rhône. Une quinzaine de départements se situent entre 25 et 50 %. Les autres, soit 80 % des départements, sont sous les 25 % voire, pour la moitié d’entre eux, sous les 10 %.
Mais ces chiffres pris au niveau départemental sont trompeurs. Si un département comme l’Ariège affiche un taux de raccordabilité « entre 0 et 10 % », il n’y a en fait que trois communes dans le département, Pamiers, Foix et La Tour-du-Crieu, qui ont un accès à la fibre. Et il en va de même sur l’ensemble du territoire. La carte montre qu’à de rares exceptions près, seules les villes, grandes et moyennes, sont fibrées, et que le monde rural reste presque totalement déserté dans ce domaine. Les différentiels sont édifiants, entre un département comme Paris et ses 1,45 million de locaux raccordables d’un côté, et celui du Lot, de l’autre, avec… 1194 locaux sur l’ensemble du département !
Une chose apparaît particulièrement clairement en étudiant cette carte : seule l’initiative des collectivités territoriales – départements ou EPCI – permet de pallier les déficiences. On remarque que des territoires sont exceptionnellement bien couverts… du moment que l’installation de la fibre est pilotée par une entité publique ou mixte : c’est le cas, typiquement, de la communauté de communes du Pays de Bitche (Moselle), où un taux de 80 % de locaux raccordables est atteint sur l’ensemble des communes, même les plus rurales. On remarque aussi, sur la carte, la réussite du réseau d’initiative publique de l’Oise, où le département a chargé, dans le cadre d’une délégation de service public, la société Oise numérique (SFR) de fibrer le département. Résultat : un taux de couverture remarquablement élevé y compris dans les communes rurales.
On notera aussi que dans les Outre-mer, seule La Réunion est assez bien lotie, avec presque toutes les communes plus ou moins couvertes. Les autres territoires d’outre-mer sont, pour le moins, presque totalement privés de fibre.
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