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Petite enfance : une pénurie de personnels dans les crèches qui peine à se résorber

C’est un sujet sur lequel les maires alertent depuis plusieurs années : la pénurie de personnels dans les crèches. Cette problématique représente le premier frein à la création de nouvelles places et entraîne le gel de nombreux berceaux. Si, avant la crise liée au covid-19, ce manque de professionnels touchait surtout les grandes villes et l’Ile-de-France, ce besoin accru de recrutement touche désormais tous les territoires. 

Il y a trois ans, le Comité de filière petite enfance rendait ses premières recommandations pour pallier cette pénurie (lire Maire info du 11 juillet 2022). Depuis, certaines mesures ont été progressivement mises en place notamment par les Caf. 

Si le problème ne semble pas s’être aggravé, selon la Cnaf, qui a présenté cette semaine les résultats d’une nouvelle enquête nationale conduite en décembre 2024 afin de mesurer de façon précise le besoin en professionnels dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE), les difficultés de recrutement persistent et l’action des Caf tardent à porter leurs fruits. 

Un manque d’effectifs, surtout dans le public 

Avec un taux de réponse global de 61 %, plus élevé pour les crèches financées par Prestation de service unique (PSU) (73 %) que pour les micro-crèches financées par la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) (38 %), l’enquête met en lumière « des besoins toujours importants » sur l’année 2024. 

La Cnaf observe en effet que 6 100 équivalents temps plein (ETP) sont vacants (absences, postes vacants…) depuis plus de 3 mois, soit 3,7 % du personnel total. « En incluant ceux qui le sont depuis moins de 3 mois pour tous motifs d’absentéisme, le chiffre monte à 13 500, soit 8,2 % au total des 163 900 emplois à temps plein existants », peut-on lire dans le communiqué. 
Il est intéressant de souligner que le manque de personnels est davantage prégnant dans les crèches publiques que dans les crèches associatives et celles du secteur marchand. Le taux de vacance dans le public est de 10,5 % contre 7 % dans le secteur privé marchand. 

Cette pénurie touche aussi particulièrement deux postes : celui d’éducateur de jeunes enfants (EJE) et d’auxiliaire de puériculture (AP). Les taux de vacances atteignent 14 % pour les EJE et 10,7 % pour les AP. 

Enfin, si le taux d’équivalents temps plein manquants en Île-de-France est de 14 % et reste le chiffre le plus élevé, celui du reste du territoire est tout de même de 6 % et certains territoires comme la Guyane sont dans une situation critique avec « 11 % d’ETP manquants, sur de très faibles effectifs théoriques ». 

De premières actions mais un besoin urgent

La publication de cette étude a été l’occasion de rappeler l’action des Caisses d’allocations familiales (Caf) pour garantir un accueil de qualité dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE) et qui, selon la Cnaf, « commence à porter ses fruits » même si « une analyse sur la durée restera nécessaire. »

Les Caf apportent notamment un soutien aux revalorisations salariales dans le cadre du bonus Attractivité, « d’un montant de 970 euros par place (475 euros par place pour les EAJE du secteur public) aux EAJE PSU pour soutenir les gestionnaires procédant à cette revalorisation. » La Cnaf indique qu’en 2024, 88 millions d’euros ont été distribués dont 10 millions d’euros pour le secteur public ; « ce qui représente 307 collectivités territoriales qui ont délibéré en 2024 pour améliorer le traitement des équipes de leurs établissements ». 

Deux dispositifs portés par la Cnaf ont permis aussi de contribuer à l’effort. Le plan d’investissement pour l’accueil du jeune enfant (Piaje) a permis de financer en 2024 9 090 nouvelles places, soit une hausse de 27 % par rapport à 2023. Le Fonds de modernisation des établissements (FME) a permis de soutenir en 2024 2 544 crèches pour 76,7 millions d’euros dans le but d’ « améliorer la qualité de vie au travail, à renforcer l’ergonomie des espaces, et à favoriser la transition écologique dans les établissements ». Par ailleurs, en 2024, les Caf ont financé des journées pédagogiques pour 11 500 crèches. 

Nouveauté cette année : les Caf financent depuis 2025 « l’accueil personnalisé de l’enfant, avec la prise en charge de la préparation en amont de l’accueil (temps d’échange avec les parents, coordination avec des partenaires, prise en compte de situations spécifiques), pour un coût supplémentaire estimé à 31,5 millions d’euros. » Concrètement, 8 heures par enfant accueilli sont intégrées dans le calcul de la PSU. 

Si ces actions sont bienvenues, du côté des acteurs de la petite enfance (collectivités et professionnels de la petite enfance), on estime que la gravité de la situation exige la mise en place de mesures exceptionnelles notamment sur la formation et l’attractivité du métier, tout en maintenant une vigilance pour que la pénurie de professionnels n’entraîne pas une baisse du niveau de qualification demandé. 

L’AMF plaide, en outre, pour que les crédits de la CNAF affectés à la création de nouvelles places d’accueil mais non consommés, soient réaffectés vers des aides au fonctionnement pour les EAJE, notamment une revalorisation de la prestation de service unique. De manière plus globale, l’AMF plaide pour l’examen d’un retour progressif à la logique d’une facturation au forfait, considérant que la facturation à l’heure, en plus d’être pénalisante financièrement pour les gestionnaires a un impact négatif sur la qualité de l’accueil ainsi que le travail des équipes. 

Lucile Bonnin pour Maire-info, article paru le 4 juillet 2025.


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Référence : BW42701
Date : 4 Juil 2025
Auteur : Maire-Info


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