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L'ANPP publie un guide sur le télétravail dans les espaces ruraux

Les élus ruraux sont conscients depuis longtemps de l’opportunité que représente le numérique pour le développement de leurs territoires, mais la crise sanitaire, les confinement et l’explosion du télétravail a achevé de convaincre ceux qui ne s’y étaient pas intéressés de trop près.

Cadrée juridiquement en France depuis 2005, facilitée depuis 2017 par les ordonnances Macron, « l'augmentation importante de la pratique du télétravail pourrait contribuer au rééquilibrage de la répartition des actifs sur le territoire français, au moins pour les territoires ruraux accessibles depuis un centre urbain », selon l'Association nationale des pôles territoriaux et des pays (ANPP), qui publie une enquête et un guide pratique très détaillé sur le sujet.

Une enquête auprès de ses adhérents a révélé que « 85 % des sondés considèrent le développement du télétravail comme une opportunité pour le développement local ». Si sa prise en compte n’est « pas née des confinements » (60 % l’avaient intégré comme un enjeu avant 2020), le télétravail est devenu un sujet à la faveur de la crise du covid pour 27,5 % des sondés, notamment avec « l’arrivée croissante de télétravailleurs dans certains territoires ruraux, de plus en plus visibles notamment par leur influence sur la demande de logement ».

C’est ce qui a poussé l’ANPP à lancer le programme  « OPTER télétravail » (pour « Opportunité pour les territoires ruraux : le télétravail »), afin d’accompagner les territoires de projet et les collectivités rurales dans l’élaboration d’une stratégie de déeveloppement ; la première étape se matérialisant par un guide très fourni, introduit par un questionnaire permettant à chaque collectivité d’évaluer sa situation, et d’identifier les priorités à cibler parmi huit fiches ressources, écrites par des professionnels et universitaires : conditions de télétravail, numérique, tiers-lieux, marketing territorial, mobilités, habitat, financement et cadre juridique.

Ces fiches contiennent de nombreux liens vers d’autres rapports et études, kits méthodologiques, formations accessibles, partenaires publics et privés au niveau national ou locales, ou encore des recensions des différentes aides et subventions accessibles, notamment les nombreux programmes relayés par l’ANCT sur la mise en place et l’animation de tiers-lieux.

Ces espaces de coworking sont d’ailleurs la première des mesures mises en places par les territoires qui se sont saisis de l’enjeu (il y en a au moins un dans 82,5 % des territoires sondés), mais ceux-ci relèvent souvent que leur occupation est « faible ou moyenne », ce qui souligne en creux l’importance cruciale de la communication et de l’animation de ces lieux.

Il importe aussi de faire la différence entre les travailleurs indépendants, souvent à 100 % en télétravail et moins susceptibles de se déplacer pour rencontrer leurs équipes, et les salariés en télétravail qui repartent chaque semaine sur leur lieu de travail.

Intégrer le télétravail dans la stratégie globale de développement

Le guide identifie les différents freins (pas de fibre optique ou zones blanches, éloignement trop important des centres urbains, manque de mobilisation des élus) et les risques à prendre en compte, notamment l’étalement urbain si l’offre de logements en centre-bourg ne convient pas aux nouveaux arrivants, ou le risque de résidentialisation de l’économie si l’offre ne s’adresse qu’aux néo-ruraux et pas aux entreprises locales.

C’est pourquoi l’ANPP affirme que il s’agit « d’intégrer l’enjeu du télétravail dans la perspective transversale du projet de territoire », en prenant soin « d’associer l’enjeu d’inclusion numerique de couverture haut debit au developpement de tiers-lieux, l’accueil de nouveaux télétravailleurs avec des objectifs d’animation et d’équipement des centres-bourgs, et l’accompagnement des télétravailleurs et l’accompagnement des entreprises locales pour la mise en pratique du télétravail ».

Le guide intègre des retours d’expérience de collectivités rurales, comme le PETR du Briançonnais qui dès 2017 avait publié un guide sur le télétravail, qui s’adressait notamment aux communes et communautés pour les sensibiliser au télétravail de leurs propres agents. « Si le guide n’a pas eu un fort retentissement lors de sa publication, il a été fortement relayé pendant la crise sanitaire. Aujourd’hui, 2 des 3 communautés de commune ainsi que le PETR ont instauré le télétravail à hauteur de 12 jours maximum par mois et par salarie. Par ailleurs, l’enjeu du télétravail est integré dans l’objectif d’écologie industrielle du projet de territoire. Dans ce cadre, le PETR accompagne certaines entreprises dans l’élaboration de leur Plan Mobilité et sensibilise dans ce cadre les employeurs aux avantages et aux modalités de mise en œuvre du télétravail », explique l’ANPP.

Les chambres consulaires peuvent aussi être des relais efficaces, comme dans le Gers où la CCI a mis en place un dispositif pour accueillir, accompagner  et mettre en réseau les entrepreneurs indépendants.

Le télétravail, enfin, peut aussi être une ressource économique pour les intercommunalités, encore difficilement quantifiable, car tous les employeurs ne pensent pas à déclarer dans le détail la répartition de leurs salariés, mais « la CVAE d’un salarié qui frequente au moins trois jours par semaine un tiers-lieu d’activité peut être ventilée à la collectivité territoriale sur laquelle se trouve cet espace et donc constituer un avantage fiscal », explique le guide. D’où l’importance de mobiliser tous les acteurs du territoire.

Télécharger le guide de l’ANPP.


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Référence : BW41303
Date : 4 Juil 2022
Auteur : Emmanuel Guillemain d'Echon


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