Le brouillard dans lequel était plongé les candidats se dissipe peu à peu. Avec un certain retard. Après la publication mercredi des formulaires Cerfa de déclaration de candidature, l’Insee a mis en ligne, hier, les chiffres authentifiés de population qui doivent permettre d’établir les listes des candidats. Dans la foulée, le ministère de l’Intérieur a également dévoilé les indispensables Mémentos à l’usage des candidats (lire article ci-dessus).
La publication des données de l’Insee devrait ainsi résoudre un premier type de problèmes. Nombre de candidats étaient, en effet, en difficulté face aux incertitudes liées à l’évolution démographique de leur commune puisqu'ils ignoraient jusqu'à présent si leur population municipale avait franchi, à la hausse ou à la baisse, un seuil qui pouvait changer certaines règles pour les élections municipales des 15 et 22 mars prochains.
S’ils doivent encore être officialisés par un décret qui paraîtra prochainement, ce sont bien ces chiffres de population que l’Insee a mis en ligne hier (par régions, départements, arrondissements, cantons et communes) qui font désormais référence.
Pour pouvoir déterminer précisément les règles à suivre pour les élections, tout dépend, rappelons-le, du nombre d'habitants issu de cette « dernière version authentifiée ». C’est ainsi le chiffre de la population municipale qui permet dorénavant de connaître l’effectif du futur conseil municipal et de savoir si les communes sont soumises aux règles spécifiques des communes de plus de 9 000 habitants (le plafond de dépenses autorisées pour la campagne dans les communes, désignation d’un mandataire financier, ouverture d’un compte de campagne et respect d’un plafond des dépenses électorales). A l'inverse, c’est la « dernière version authentifiée » de la population totale qui permet de déterminer le montant les indemnités de fonction des futurs élus.
Étant donné que certaines communes ont perdu des habitants depuis les dernières élections, quand d’autres en ont gagné, une partie d’entre elles a ainsi pu changer de strate. Conséquence, il est possible de devoir, par rapport à 2020, augmenter ou diminuer le nombre de candidats à présenter sur la liste.
Pour le savoir, il faut donc se référer aux données de l'Insee publiées pour chaque commune et disponible ici (il suffit de taper le nom de sa commune). Ce n'est pas forcément intuitif, mais celle-ci ne correspond ni à l’année en cours ni à l’année précédente du fait de la méthode de recensement. Les nouvelles populations de référence sont ainsi « millésimées » de l’année 2023. Mais ce sont bien celles à prendre en compte pour les prochaines élections municipales. Elles entreront d’ailleurs en vigueur à compter du 1er janvier 2026.
En outre, les listes devront être composées sur la base de la seule population « municipale » (personnes ayant leur résidence habituelle sur le territoire de la commune), et non pas sur celle « comptée à part » (personnes qui résident dans la commune pour leurs études, dans un établissement de santé, une caserne, etc., mais qui ont leur résidence habituelle dans une autre commune) ni celle dite « totale », qui s’applique par exemple pour la détermination de la DGF. Ces trois types de population sont fournies lorsque l'on fait une recherche sur la population de référence de chaque commune.
Pour rappel, il existe 19 strates, allant de « moins de 100 habitants » à « 300 000 habitants et au-dessus », et à chacune d’entre elles correspond un effectif légal du conseil municipal, allant de 7, pour les plus petites communes, à 69 pour les plus grandes. Ce sont elles qui définissent le nombre de candidats devant figurer sur la liste pour les élections.
Cette année, les données de l’Insee sont particulièrement attendues dans les communes de moins de 1 000 habitants puisque celles-ci devront désormais appliquer le scrutin de liste paritaire en 2026 et seront soumises à certaines dérogations.
Afin de tenir compte du fait qu’il peut être difficile de trouver des candidats dans ces très petites communes, la loi a donc autorisé de présenter jusqu’à deux candidats de moins que l’effectif théorique du conseil municipal.
Dans le détail, il devra y en avoir au minimum 5 pour les communes de moins de 100 habitants, 9 pour celles de 100 à 499 habitants et 13 pour celles de 500 à 999 habitants.
Autre cas particulier notable, Mayotte. Alors que l’île procédait jusqu’en 2017, par dérogation, à des recensements généraux de la population tous les cinq ans (le dernier recensement général à Mayotte a été réalisé en 2017), celle-ci intègre désormais « la méthode commune aux autres départements ».
Après une première enquête de recensement en 2021, les nouvelles populations auraient dû être authentifiées à la fin du premier cycle quinquennal achevé, mais le cyclone Chido l’en a empêché et a impliqué de « reporter la collecte de 2025 » et de réaliser « un recensement exhaustif organisé entre le 27 novembre 2025 et le 10 janvier 2026 ». Résultat et bien que ces chiffres soient particulièrement attendus sur l’île, les nouvelles populations seront « authentifiées sur cette base fin 2026 ».
A noter que, selon les données de l’Insee, la population française a continué de croître, bien que le solde naturel y contribue de moins en moins. Au 1er janvier 2023, elle s’est ainsi établie officiellement à 68 094 000 habitants et a augmenté en moyenne de + 0,39 % par an entre 2017 et 2023, comme entre 2012 et 2017.
D’une période à l’autre, « la contribution du solde naturel passe annuellement de +0,34 % à +0,15 % » et « ne contribue plus que faiblement à la croissance de la population française », selon l’auteur de l’étude.
La hausse de la population a été « 2,3 fois plus élevée » dans l’urbain que dans le rural. Et parmi les communes de plus de 100 000 habitants, c’est la population de Villeurbanne qui est celle qui a cru le plus rapidement. De manière générale et sans surprise, ce sont souvent les littoraux atlantique et méditerranéen qui ont connu les plus importantes augmentations de population.
À l’opposé, « Paris connaît la deuxième plus forte baisse de population derrière Mulhouse », constate l’Insee, de la même manière qu'une part importante d’une zone recouvrant grossièrement le centre et le nord-est du pays.
A. W pour Maire-info, article publié le 19 décembre 2025.
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