2020 sera-t-elle, comme escompté, l’année de la concrétisation en matière de couverture numérique ? Respectivement lancés en 2013 et 2018, les plans France très haut débit et New Deal mobile prévoient toujours de fournir du bon débit pour tous (supérieur à 8 Mbit/s), pour l’un, et de passer 100 % des sites (75 % des sites faisant partie des différents programmes « zones blanches ») en 4G, pour l’autre, d’ici la fin de l’année (lire Maire info du 14 février). Mais « les retards enregistrés du fait de la crise sanitaire laissent craindre un ralentissement des déploiements qui met en péril les calendriers initialement prévus », préviennent, dans un courrier, envoyé à Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, le 30 avril, huit associations d’élus et de collectivités*. Cela vaudrait également pour les échéances prévues en 2022 (« très haut débit pour tous ») et 2025 (généralisation de la fibre). Maire info a consacré un article à ces potentiels retards le 23 avril.
« Un nouveau plan global pour assurer la résilience numérique » de la France
Les signataires appellent, au contraire, « l’État à accompagner le secteur des télécoms et les collectivités territoriales dans une accélération inédite des constructions d’infrastructures », à rouvrir le plan France très haut débit « avec l’intégralité des crédits attendus, soit 680 millions d’euros supplémentaires a minima (le guichet a été abondé de 140 millions d'euros en 2020, lire Maire info du 27 février) » et à lancer « immédiatement » une « réévaluation concernant les besoins en couverture mobile, particulièrement pour les zones ne bénéficiant pas d’un bon accès fixe ».
En résumé, « la France a besoin d’un nouveau plan global pour assurer sa résilience numérique », arguent les signataires, alors que dans le même temps, la Fédération française des télécoms (FFT) ferait pression auprès de Bercy, selon La Lettre A, pour « obtenir du ministère de l'Économie une fluidification des procédures de déploiement de la 4G et de la fibre optique ».
Les associations appellent donc « à maintenir l’effort d’aménagement numérique de la France ». D’autant plus qu’avec le confinement, « les failles de la numérisation de notre pays - accès aux réseaux fixes et mobiles défaillant, coupures d’accès, réseaux haut débit inadaptés - se sont révélées plus criantes encore », pestent les signataires.
« Accélérer la numérisation de la France »
Avec dans les territoires impactés, des conséquences non négligeables sur les plans économique et social : « la faible digitalisation de nos PME, TPE, artisans et professions libérales, liée en grande partie à un marché professionnel des télécoms peu dynamique, n’a pas permis à nombre d’acteurs de modifier rapidement et efficacement leurs circuits d’approvisionnement, de distribution et d’accès à leur clientèle/patientèle » et « les Français n’ayant pas accès pour des raisons d’éloignement géographique, économique ou social aux outils numériques sont apparus doublement isolés en cette période de confinement ». Preuve s’il en est que « les réseaux de communications électroniques ont désormais définitivement démontré toute leur importance ».
« Aussi est-il essentiel d’accélérer la numérisation de la France et de retrouver au plus vite le niveau de déploiement attendu en amplifiant la construction des réseaux et en accompagnant techniquement et financièrement cet effort d’aménagement du territoire qui s’avère si essentiel pour traverser cette crise sanitaire », glissent les associations à Jacqueline Gourault. Qui est, sur le papier en tout cas sur la même ligne : avec ses collègues du gouvernement, Julien Denormandie (Ville et Logement) et Cédric O (Numérique), la ministre jugeait « essentiel » de « retrouver au plus tôt le rythme de déploiement constaté avant la crise (un niveau record a été atteint en 2019 avec 4,5 millions de foyers devenus raccordables à la fibre soit deux fois plus qu'en 2017, ndlr) », dans un courrier adressé aux maires et aux préfets le 22 avril. « Sans reprise rapide des déploiements, la capacité de rebond de la filière serait amoindrie de même que notre capacité collective à répondre au besoin de connectivité numérique des Français », ajoutait-elle.
« Cet effort » ne doit pas porter uniquement sur les infrastructures, concluent les associations : il « doit s’accompagner d’un effort équivalent sur le développement des usages et d’une culture numérique pour le plus grand nombre, avec une aide à l’équipement des familles, la lutte contre l’illectronisme, la simplification des procédures, une dématérialisation rationnalisée des actes administratifs… »
Ludovic Galtier
*Assemblée des communautés de France, Assemblée des départements de France, Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité, Association des maires ruraux de France, Association nationale des élus de montagne, Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel, Fédération nationale des collectivités concédantes et régies et France urbaine.
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