La ferveur des Jeux olympiques et paralympiques 2024 a vite laissé place aux désillusions. Alors que le gouvernement cherche à réaliser 40 milliards d'économies, « les coupes claires dans l’exécution du budget sport 2025 ainsi que la proposition de budget rectificatif de l’Agence nationale du Sport soulèvent de vives inquiétudes chez les acteurs du sport », a déclaré David Lazarus, vice-président de l'Agence Nationale du Sport et coprésident de la commission Sport de l’AMF, à l’occasion du Conseil d’administration de l’Agence nationale du Sport qui s’est tenu mardi 24 juin 2025.
Et les principales victimes de ces coupes budgétaires sont… les collectivités. Elles sont en effet les premiers financeurs du sport, notamment le bloc communal qui couvre à lui seul plus de 90 % des dépenses sportives des collectivités. Cependant, les collectivités ne peuvent pas « affronter seules le mur d’investissements nécessaires au développement de la pratique partout, et pour toutes et tous » a expliqué le maire de Chambly.
Pour répondre aux enjeux budgétaires, le Plan 5000 Équipements - Génération 2024 a été révisé de 98 à 75 millions d’euros avec une réduction de 13 millions sur les équipements structurants et 10 millions sur les équipements de proximité.
« Pour les collectivités c’est un mauvais signal », confie à Maire info David Lazarus. Ce mauvais signal l’est d’autant plus dans cette période « d’après Jeux » et où « l’héritage de ces Jeux était un engagement fort », rappelle le coprésident de la commission Sport de l’AMF. « L’Agence nationale du sport a pour mission de s’assurer de faire vivre cet héritage, mais malheureusement elle se retrouve en partie démunie pour pouvoir remplir cette fonction ».
Cette semaine a aussi été marquée par l’annonce d’une mauvaise nouvelle : pour la saison 2025-2026, le Pass’Sport bénéficiera à moins de jeunes que les années précédentes, même si son montant a timidement été révisé (lire Maire info du 25 juin). Là encore, c’est la déception du côté des élus : « On rate une grande cible, on passe à côté de jeunes enfants qui en avait besoin pour pouvoir pratiquer davantage de sport », regrette David Lazarus qui fustige une « décision insatisfaisante ».
« C’est une série de mesures négatives que Bercy impose au ministère des Sports, observe-t-il. Bercy ne tient pas compte de la situation post olympique et c’est un signe particulièrement négatif. »
L’avenir est tout aussi inquiétant pour le financement du sport : « Il y a une inquiétude forte pour le budget 2026 de l’ANS car on se doute que Bercy va baisser les financements et nous risquons fort un effet ciseaux et une trésorerie insuffisante pour pouvoir faire face aux obligations de paiements », explique David Lazarus.
C’est un serpent de mer en matière de financement du sport : le déplafonnement des taxes affectées au financement de l’Agence nationale du Sport. Les collectivités sont favorables, et ce depuis des années, à ce que « le sport puisse financer le sport », comme le résume David Lazarus. Pour rappel, chaque année, les paris sportifs rapportent plus de 200 millions d’euros de taxes à l’État mais un plafond a été mis en place pour l’attribution des revenus au sport, le reste étant reversé au budget général.
Au total, deux taxes sont affectées au financement du sport : la taxe dite « Buffet » de « contribution sur la cession à un service de télévision des droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives » et les taxes sur les paris sportifs (en ligne et physiques). « Si on est dans une période difficile concernant la taxe Buffet, les paris sportifs n’ont jamais été aussi importants qu’en 2024 », observe David Lazarus qui perçoit dans cette proposition une véritable opportunité pour faire vivre le sport dans les territoires.
Enfin, les associations d’élus plaident pour une pluriannualité des crédits budgétaires de l’État octroyés à l’Agence nationale du Sport. « L’Agence a besoin de connaître la stabilité de ces financements d’une année sur l’autre notamment pour sécuriser les investissements des collectivités qui se lancent dans un projet de rénovation d’équipement structurant par exemple », ajoute David Lazarus.
Au-delà de ces irritants financiers, l’Agence nationale du sport (ANS) est remise en cause depuis la fin des Jeux. Lors des discussions autour du projet de loi de finances pour 2025, il avait largement été question de redéfinir le cadre d’intervention de l’ANS en lui retirant notamment la gestion des financements accordés aux collectivités territoriales, pour la recentrer sur le sport de haut niveau.
« L’ANS a plusieurs chasseurs qui l’ont dans leur viseur, résume David Lazarus. Je pense que l’Agence doit conserver sa spécificité : elle est le lieu de rencontre de l’ensemble de l’écosystème autour du sport, un lieu d’échange de débats et de remontée d’informations. Elle permet de prendre des décisions collégiales, plus proches de la réalité du terrain. Elle doit conserver les moyens de pratiquer le développement de la pratique sportive. Venir rogner ou supprimer ce deuxième pilier serait mortel pour l’Agence. »
En mai dernier, le Premier ministre a chargé le député de la Saône-et-Loire Benjamin Dirx d'une « mission temporaire ayant pour objet l'évaluation et l'optimisation des moyens alloués à la politique publique du sport ». Les conclusions de ce rapport devraient être présentée à la fin du mois de juillet. De même, l’Agence fait en ce moment l’objet d’une mission de contrôle et d’évaluation confiée à l’IGF, l’IGA et l'IGESR. En tant que représentant des collectivités, David Lazarus rappellera à cette occasion qu’il est essentiel que l’action de l’ANS en direction des collectivités soit pérennisée.
Lucile Bonnin pour Maire-info, article paru le 27 juin 2025.
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