« Parce que les élus locaux sont en première ligne face aux difficultés rencontrées par les habitants de leurs quartiers, je les invite à franchir avec l’État une nouvelle étape dans la politique de la ville », a proposé hier Jacques Mézard aux maires réunis à l’AMF. Invité à présenter sa feuille de route devant la commission « politique de la ville et cohésion sociale » (commune à l’AMF, France urbaine et Ville & Banlieue), le ministre de la Cohésion des territoires souhaite engager avec les collectivités, les associations et les acteurs économiques « une politique d’intérêt général contre les inégalités sociales et territoriales » afin que « les habitants des quartiers prioritaires aient les mêmes droits que tous les Français ».
Il a rappelé que cette politique concernera cinq domaines prioritaires : l’emploi, « avec l’objectif de réduire de 50 % l’écart entre le nombre de chômeurs en QPV et celui des autres communes », tandis qu’un courrier cosigné par la ministre du Travail et Jacques Mézard sera adressé « dans les prochains jours aux préfets pour qu’ils flèchent en priorité la création des emplois aidés sur les quartiers prioritaires », a indiqué le ministre ; la lutte contre l’échec scolaire (avec la poursuite du dédoublement des classes en primaire dans les réseaux d’éducation prioritaire) ; la formation ; « la prévention du communautarisme » et la sécurité. Sur ce dernier point, le ministre a indiqué que la future « police du quotidien » expérimentée l’an prochain serait « priorisée » dans les QPV. « Il y a urgence car la situation est explosive dans plusieurs dizaines de quartiers et quand s’installe le sentiment que la République se retire de certains quartiers, on sait qui la remplace et il faut éviter cela », a souligné Jacques Mézard.
« Nous avons trois mois pour bâtir un plan d’action et le mettre en place », a-t-il indiqué en insistant sur la dimension interministérielle de son action. Celle-ci devrait se concrétiser à l’occasion du prochain Comité interministériel des villes (CIV) « qui se tiendra en décembre ». Ce CIV devrait permettre d’arrêter les principaux axes de la « nouvelle étape » souhaitée par le ministre et de concrétiser le projet de création de « l’agence nationale de la cohésion des territoires », annoncé lors de la Conférence nationale des territoires, en juillet, dont Jacques Mézard a promis qu’« elle ne sera pas une usine à gaz mais un regroupement de l’ingénierie des services de l’État au service des collectivités locales ».
Soucieux de répondre aux attentes formulées à l’occasion des États généraux de la politique de la ville organisés, la veille, à Grigny par plusieurs associations d’élus qui ont notamment réclamé des moyens supplémentaires à l’État (lire Maire info d’hier), le ministre de la Cohésion des territoires a rappelé « l’effort budgétaire » déjà consenti par le gouvernement : l’enveloppe dédiée aux contrats de ville sera « sanctuarisée à hauteur de 430 millions d’euros par an » pendant la durée du quinquennat, jusqu’en 2022, « ce qui permettra d’éviter les coups de rabots budgétaires et de donner de la visibilité aux acteurs locaux », a dit le ministre.
Il a également rappelé que la dotation « politique de la ville » (DPV) sera portée à « 150 millions d’euros » et la dotation de solidarité urbaine (DSU) « sera augmentée de 90 millions d’euros en 2018 » pour atteindre 180 millions d’euros. L’État doublera le budget du programme de rénovation urbaine (PNRU) d’ici à 2024 « et en financera un milliard d’euros », tandis que les négociations avec les bailleurs sociaux et Action logement sont en cours pour boucler le budget. Le ministre souhaite aussi simplifier les procédures d’instruction des projets de rénovation.
La reproduction partielle ou totale, par toute personne physique ou morale et sur tout support, des documents et informations mis en ligne sur ce site sans autorisation préalable de l'AMF et mention de leur origine, leur date et leur(s) auteur(s) est strictement interdite et sera susceptible de faire l'objet de poursuites.