Le président de la République a tenu hier à Tourcoing son premier discours - attendu - sur la politique de la ville, alors qu'il n'existe toujours pas de ministère dédié malgré l'appel de Grigny (lire Maire info du 17 octobre). Emmanuel Macron a appelé à une « mobilisation nationale » pour les quartiers en difficulté. « Je veux que le visage de nos quartiers ait changé d'ici la fin du quinquennat. Cette mobilisation de toute la nation peut répondre au défi immense, et doit être celle du gouvernement, des collectivités territoriales, des associations, des entreprises, des intellectuels », mais aussi « des habitants », qui ne sont « pas des citoyens de seconde zone », a-t-il déclaré.
Dans un contexte budgétaire tendu, le président de la République a assuré que « personne ne perdra, dans les communes concernées par la politique de la Ville, le moindre crédit sur 2018 ».
Emmanuel Macron a cité quelques mesures pour « remettre la République au c½ur de nos quartiers ». Celles qui ont déjà commencé à être mises en ½uvre comme le dédoublement des classes en CP, et d'autres à venir : l'augmentation des forces de police, des places de crèches, une amélioration des transports ou encore le lancement d'un « grand plan de lutte contre les discriminations » ainsi que, d'ici le début 2018, une quinzaine de plans de lutte contre la radicalisation.
Il a repoussé toutes les critiques sur la baisse des contrats aidés, fustigeant même ceux qui les défendent et qui « n'en voudraient pas pour eux-mêmes ». Une critique qui ne concerne donc pas les emplois francs, qui vont être relancés (lire Maire info du 10 novembre). L'Élysée a d'ailleurs donné la liste des sept agglomérations où ils seront expérimentés l'an prochain : quatre zones intercommunales de Seine-Saint-Denis, le Val de France (Sarcelles, Villiers-le-Bel), Grand Paris sud (dont Grigny et Évry), Marseille, Lille, Angers et Cergy-Pontoise (lire article ci-dessous).
Les visites du chef de l’Etat à Clichy-sous-Bois puis à Roubaix et Tourcoing tombent près d'un mois après le lancement des 40 ans de la politique de la ville, et de la concertation censée déboucher en mars prochain sur de nouvelles idées pour relancer la politique de la ville. Le chef de l’Etat, qui a reçu le soutien de Jean-Louis Borloo, ancien ministre, à l'origine de la création de l'ANRU, a dit hier que le « plan de mobilisation générale » serait établi d'ici à février 2018. On imagine donc que les deux calendriers vont se rejoindre. Et même un troisième calendrier, celui des premiers états généraux de la politique de la ville à l'initiative de l'appel de Grigny. Plusieurs des maires signataires étaient d'ailleurs réunis à l’Élysée lundi. Les élus en sont ressortis rassurés et optimistes, malgré le peu de réponses concrètes à leurs inquiétudes. « Le Président a manifesté une volonté de prendre lui-même en main les enjeux républicains de la politique de la ville, indiquant sa décision de co-construire avec ses hôtes du jour, dans la durée, les politiques publiques en ce domaine, ouvrant un chantier qui fera l’objet de points trimestriels de fonctionnement sous sa propre autorité. En ce sens, on peut être satisfait de ce qu’il faut considérer comme un point de départ », a réagi hier Ville et banlieue. Autre réaction, celle du Conseil national des villes, co-présidé par Olivier Klein (nommé hier nouveau président de l'ANRU) et Fabienne Keller. Pour eux, le prochain (et premier) comité interministériel des villes, prévu en décembre, sera l'occasion « d'acter l'effectivité de ces annonces ». Mais le CNV restera vigilant car la mobilisation du « droit commun » régulièrement souhaitée depuis des années reste un « serpent de mer » de la politique de la ville, a-t-il mis en garde dans un communiqué diffusé hier soir.
A noter cet autre rendez vous, dès lundi, cette fois au Sénat, où, à la demande de la commission des affaires économiques, un débat aura lieu sur le thème : « Politique de la ville : une réforme bien engagée mais fragilisée par un manque de moyens ».
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