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Risques climatiques : les maires "pilotes" des solutions

Le forum du 19 novembre a mis en avant les multiples initiatives engagées par les élus pour anticiper le changement climatique.

Le changement climatique n’est pas une opinion, c’est un fait scientifique. Plus aucun territoire n’est à l’abri d’événements extrêmes. Les maires doivent se préparer à l’improbable et l’impensable », a d’emblée rappelé Eric Menassi, maire de Trèbes (11), président de l’Association des maires de l’Aude et co-président du groupe de travail prévention des risques et gestion des crises de l’AMF.

Des évènements «irrésistibles, mais pas ingérables », a complété Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule (06) et co-président du groupe de travail. 

Plusieurs élus ont illustré la mobilisation des collectivités.

Claire Masson, maire d’Auray (56) a évoqué le cas de sa commune, confrontée aux inondations et aux tempêtes, qui a su engager des actions d’adaptation : tests réguliers du plan communal de sauvegarde (PCS), diagnostics menés dans le cadre de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (Gemapi), désimperméabilisation des sols, introduction d’un coefficient de biotope dans le plan local d’urbanisme (PLU), etc. Soutenues par la population, ces actions se heurtent néanmoins au «mur » du financement : alors que les aménagements résilients sont plus coûteux, les aides de l’État restent insuffisantes qui plus est face à la baisse continue et sensible des crédits du Fonds vert.
 

Favoriser les coopérations

Patrick Ollier, maire de Rueil-Malmaison (92), président de la métropole du Grand Paris et de l’Etablissement public territorial de Bassin (EPTB) Seine Grands Lacs, a rappelé le rôle crucial de la prévention. Un travail de concertation entre élus et agriculteurs a ainsi permis de multiplier les zones d’expansion des crues en région Ile-de-France. Clé de ces avancées, la solidarité financière entre les communes de l’aval vers l’amont, rendue possible par la taxe Gemapi (5,4€/habitant/an).

Christian Rapha, maire de la commune de Saint-Pierre (La Martinique), située au pied de la montagne Pelée, a rappelé combien le risque volcanique est encore mal connu et sous-estimé en France. Le maire appelle à renforcer les moyens des observatoires volcanologiques, développer une culture du risque et assurer des plans de continuité d’activité. 

Marie-Alexy Lefeuvre, maire de Saffré (44), a témoigné de la difficulté d’obtenir le soutien de l’agence de l’eau et de son intercommunalité. Néanmoins, des solutions ont été trouvées avec le syndicat de rivières gérant la Gemapi : restauration des milieux aquatiques, effacement des effets du remembrement, ralentissement des écoulements, expansion des crues…Des avancées qui ont rendu plusieurs villages moins vulnérables. 
 

Le rôle clé de l’aménagement du territoire

Edmond Jorda, maire de Sainte-Marie-La-Mer (66) et président de l’Association des maires des Pyrénées-Orientales, fait face, depuis trois ans, à une sécheresse structurelle, avec des impacts en chaîne. Réutilisation des eaux usées, renforcement des réserves d’eau, développement de réserves communales de sécurité civile, mobilisation des acteurs agricoles, sont autant d’actions engagées par la commune.

Mais l’enjeu majeur reste la préservation du foncier – «mère de toutes les batailles », pour l’élu –, via «la lutte contre la cabanisation, facteur aggravant du risque d’incendie ». Ambition affichée : «ne pas être les cobayes du changement climatique, mais être pilotes dans les solutions ».

Vincent Rémy, directeur général de l’établissement public foncier (EPF) du Dauphiné et administrateur de l’association nationale des EPF locaux, est venu rappeler le rôle de ces opérateurs publics, dont l’accompagnement peut être crucial pour les communes peu dotées en ingénierie.

« L’aménagement du territoire sera l’enjeu n°1 pour la résilience future, a confirmé Eric Menassi. Il faut avoir le courage d’accepter la réalité et de faire des travaux qui ne seront pas compris par tous. L’enjeu est aussi pédagogique : faire comprendre à nos populations que la reconstruction à l’identique n’est plus possible. »

Sébastien Leroy a insisté sur l’inadaptation de la réglementation – complexe, parfois contradictoire – à la gestion de crise, tout en fustigeant la multiplicité des interlocuteurs, entraînant blocages en chaine et lenteurs procédurales.

Autre point de crispation : les transferts de responsabilités de l’État au bloc communal sans moyens associés (pour la gestion des digues, par exemple), laissant les maires seuls face à la population et à la justice.

 

Caroline Reinhart pour Maires de France, article publié le 25 novembre 2025.

© Lionel Guéricolas

Référence : BW42889
Date : 25 Nov 2025
Auteur : Maires de France


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