Forum sur la sécurité du 104è Congrès des maires, 22 novembre 2022.
Comment agir ensemble ? C’était la question clé du Forum sur la sécurité qui s’est tenu, le 22 novembre, dans le cadre du 104è Congrès des maires. Bien que la sécurité soit avant tout une prérogative régalienne de l’Etat, «les citoyens considèrent que le maire aussi en est responsable. Face à cette attente, on ne peut pas se contenter de se renvoyer la balle les uns aux autres. Ce qui oblige tous les élus à se poser concrètement les mêmes questions : quelle est ma légitimité à agir, comment, jusqu’où ? », a résumé Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin (69).
Les co-présidents de la commission prévention de la délinquance et sécurité de l’AMF, Jean-Paul Jeandon, maire de Cergy (95), et Frédéric Masquelier, maire de Saint-Raphaël (83), ont rappelé les difficultés nombreuses que les maires rencontrent dans l’exercice de leurs responsabilités, le glissement des missions entre forces de l’ordre nationales et polices municipales, et posé les conditions requises pour une coproduction de l’action publique dans le cadre du continuum de sécurité englobant prévention, médiation, répression. La réalité du quotidien, «c’est qu’à partir de 18h, dans ma commune, il y a plus de policiers municipaux sur le terrain que de policiers nationaux », a témoigné Jean-Paul Jeandon. Frédéric Masquelier a pointé l’effet de «vases communicants » : face à la baisse d’au moins un tiers des effectifs de la police nationale depuis une dizaine d’années sur le territoire communal, la ville a dû augmenter le nombre de policiers municipaux.
La tendance est générale, les besoins de recrutement de policiers municipaux explosent. Les projections mentionnent près de 8 000 postes à créer durant ce mandat, 11 000 en tenant compte des départs en retraite. Cela suscite une forme de concurrence entre collectivités, de surenchère sur les conditions de travail et de rémunération, mais provoque également un engorgement de l’accès aux formations. «Chaque postulant à un emploi de policier municipal a le choix entre une quinzaine d’offres au moins », a constaté Amine Smihi, adjoint au maire de Bordeaux (33), qui regrette «qu’aucune mesure d’ampleur n’ait été prise pour aider les collectivités à faire face à cet enjeu ». Sur la formation, le travail mené par l’AMF auprès du CNFPT en faveur d’un accroissement de sa capacité de formation de policiers municipaux sur tout le territoire national porte peu à peu ses fruits. «Il faut accélérer là-dessus », a insisté Jean-Paul Jeandon.
François Gravel, secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, a rappelé que «la question des effectifs des forces de sécurité de l’Etat est au cœur du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi), en cours de discussion au parlement, «avec le doublement du nombre de policiers et gendarmes sur la voie publique [durant le quinquennat] et la création de 200 nouvelles brigades de gendarmerie dans la ruralité ». Une évolution bienvenue pour les élus locaux, qui demandent cependant à l’Etat de préciser quels seront les critères d’affectation territoriale de ces effectifs. L’AMF réclame depuis des années plus de transparence à l’Etat sur ces questions. Jean-Paul Jeandon a regretté par ailleurs que la Lopmi «ne dise pas un mot des collectivités territoriales ».
Tout au long de ce Forum, les discussions ont aussi porté sur les bénéfices et leviers des outils du «travailler ensemble » : conventions de coordination des interventions de la police municipale et des forces de sécurité de l’Etat, fonctionnement des conseil locaux ou intercommunaux de prévention de la délinquance (CLSPD et CISPD), bilan des groupes de partenariat opérationnel (GPO), premiers retours sur les contrats de sécurité intégrés (CSI) qui ont vu le jour l’an dernier. Avec un objectif, perfectionner ces dispositifs.
Le facteur humain déterminant dans la coopération
Les élus ont souligné que la confiance et la qualité des rapports entre les acteurs locaux sont déterminantes pour bâtir le continuum de sécurité. «C’est le facteur humain la clé, c’est lui qui fait la différence entre les outils qui produisent des résultats et ceux qui n’y parviennent pas », a estimé Frédéric Masquelier.
« Les élus locaux souhaitent le renforcement des échanges de façon très opérationnelle. Quand les instances sont trop étendues, tel le CISPD auquel je participe à l’échelle d’une agglomération de 33 communes, ce n’est pas un lieu de dialogue mais seulement d’information. On n’est pas dans l’opérationnalité », a relevé Murielle Fabre, maire de Lampertheim (67). La sécrétaire générale de l’AMF a aussi insisté sur la nécessité de favoriser le dialogue entre le maire, la police, la gendarmerie et la justice notamment «dans les communes démunies de ce genre d’instances. »
Retrouvez la "vidéo du Forum "Sécurité du quotidien: agir mieux, agir ensemble, agir en confiance"
A regarder également :
- L'interview par AMF TV de Christian Rodriguez, Directeur général de la gendarmerie nationale
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