Nouvelle « inquiétude » sur le front de la crise sanitaire. Celle du ministre de la Santé, Olivier Véran, concernant les variants sud-africain et britannique du Sars-CoV-2 après la détection de 19 cas et deux foyers de contaminations de la seconde souche en France. L’un en Île-de-France et l’autre en Bretagne, a indiqué le ministre, hier, lors de la conférence de presse dédiée à la crise sanitaire, tout en s’attendant « clairement à en identifier davantage » et prenant la « menace » de ces deux variants « très au sérieux ».
Il a d’ailleurs reconnu, un peu plus tard sur le plateau de BFM-TV, « ne pas cacher (s)on inquiétude » vis-à-vis du variant anglais, bien que 19 cas recensés à ce jour en France « c’est très peu », selon lui.
Une inquiétude qui ne provient pas de « la nature des symptômes » qu’il provoque, mais par « son côté plus contagieux », a indiqué Olivier Véran qui a rappelé, hier, que le variant britannique de ce coronavirus est « 40 à 70% plus contagieux que le variant » qui circule en France. Et sa diffusion est particulièrement rapide. Il n’aurait ainsi mis qu’« environ deux mois », pour devenir « le variant majoritaire en Angleterre », prenant de fait la place du variant qui est encore largement majoritaire dans l’Hexagone.
Ces mutations génétiques, habituelles chez les virus, se produisent lorsque ces derniers se répliquent pour se propager. Si la plupart sont sans conséquences pour l’homme, un petit nombre d’entre elles peuvent l’être, à l’instar de celle qui s’est développée autour de Londres et dans le Kent durant l’automne dernier.
Reste que cette souche anglaise « donnerait le même type de symptômes que le variant classique, sans davantage de cas graves », a assuré Olivier Véran. Si ces derniers apparaissent finalement plus nombreux, c’est du fait de sa contagiosité supérieure, notamment chez les enfants. Mais, d’après certaines études préliminaires, il ne serait « pas plus grave que le virus que nous connaissons », a relativisé le ministre de la Santé qui a toutefois expliqué sur BFM-TV traiter ce variant du Sars-CoV-2 « presque comme un virus différent ».
Alors que l’Angleterre et l’Ecosse ont décidé de reconfiner totalement leurs territoires, face à l’aggravation importante de l’épidémie due à cette nouvelle variante, le gouvernement souhaite « éviter à tout prix » sa diffusion en France.
Pour cela, « tous les laboratoires, les centres de recherche et Santé publique France sont mobilisés pour traquer le variant partout », a indiqué Olivier Véran. Pour mieux cartographier sa présence sur le sol français et connaître le « nombre précis » de cas à une date donnée, « tous les tests PCR douteux » effectués jeudi et vendredi seront séquencés, certains tests PCR pouvant donner une indication de la possible présence de ce variant.
En outre, des opérations de dépistage ainsi qu’« une surveillance accrue dans les écoles » ont été évoquées par le ministre. Avec le variant du coronavirus circulant actuellement en France, les contaminations entre enfants dans les établissements scolaires restent « extrêmement rares », a rappelé sur la chaîne d’information en continu le ministre de la Santé, justifiant à nouveau de « laisser le système éducatif tourner ». Avec le variant anglais, plus contagieux chez les enfants, rien n’est moins sûr. « Des études scientifiques plus étayées » doivent encore être réalisées pour que le gouvernement se prononce sérieusement sur la pertinence du maintien de l’ouverture des écoles, celles-ci ayant été fermées à titre préventif outre-Manche.
Enfin, un test négatif au covid-19 datant de moins de 72 heures est exigé pour toutes les personnes souhaitant venir en France en provenance de Grande-Bretagne et d’Afrique du sud.
« Nous prendrons toutes les mesures qui s'imposeront si ces variants devaient s'avérer diffusés sur le territoire national », a-t-il ajouté.
Concernant les deux clusters potentiels, des mesures strictes d'isolement et de traçage des contacts ont été prises, afin de casser les chaînes de contamination et d'éviter que le variant se répande largement.
Le premier « cluster à risque » de contamination au variant britannique a été détecté dans un établissement pour personnes âgées près de Rennes. « Au total, sept résidents et deux professionnels présentent une forme variante du virus », a expliqué le ministère des Solidarités et de la Santé dans un communiqué publié hier.
Un autre foyer de contamination potentiel a été repéré en Île-de-France, à Bagneux, à partir d'« une personne travaillant dans deux établissements scolaires ». Dans ce cas, « il n'a pas été retrouvé, lors de l'enquête épidémiologique, de notion de voyage ou de contact avec un cas ayant voyagé » au Royaume-Uni. C'est pourquoi les autorités sanitaires vont « proposer un dépistage élargi dans les collectivités scolaires concernées ».
Outre les 19 cas de contamination par le variant britannique du coronavirus, trois autres ont été détectés en France concernant cette fois la souche sud-africaine, a précisé le ministre lors de sa conférence de presse. Bien qu’aucune précision n’ait été apportée sur la localisation de ces trois cas, les autorités sanitaires avaient fait état, la semaine passée, d'un premier cas chez un homme de retour d'Afrique du Sud (où ce variant est désormais majoritaire) et résidant dans le Haut-Rhin.
S’il est également considéré comme plus contagieux que le variant circulant en France, « le variant sud africain est encore mal connu », a rappelé Olivier Véran. Des analyses sont en cours pour voir si cette souche ne contourne pas la réponse immunitaire apportée par les vaccins mais aussi par une première infection au virus d’origine.
De la même manière, « on ne sait pas encore de manière absolue si (les) vaccins vont marcher sur le variant anglais », a rappelé, mercredi, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, même s’il a estimé que « c'est probable ».
A noter que certains experts estiment qu’il faut rester prudent puisqu'il n'y aurait, selon eux, pas assez de données pour évaluer avec certitude la contagiosité de ces deux variants.
A.W.
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